Juste la fin du monde (2016)
de Xavier Dolan
avec Nathalie Baye, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux et Gaspard Ulliel
AVEC SOUS-TITRES GEORGIENS
Institut Français et Université de théâtre et de cinéma Shota Roustavéli présentent le cinéclub français tous les quatrième mercredis du mois.
Adresse: Université de théâtre et de cinéma, 40, avenue David Agmachénébéli
Synopsis:
Louis, un écrivain, revient voir sa famille dans son village natal après douze années d’absence, pour annoncer sa mort prochaine. Ces retrouvailles ravivent des souvenirs, mais créent des tensions entre les membres de la famille. Il repart finalement sans avoir annoncé la nouvelle qu'il comptait révéler.
Juste la fin du monde est un film dramatique franco-canadien écrit, coproduit, réalisé et monté par Xavier Dolan, sorti en 2016. Il s'agit de l'adaptation cinématographique de la pièce de théâtre éponyme, écrite par Jean-Luc Lagarce en 1990. Le film a remporté en 2016, le Grand Prix au Festival de Cannes, puis en 2017 il a obtenu trois César : celui du meilleur réalisateur, celui du meilleur acteur et celui du meilleur montage.
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Juste la fin du monde (2016)
de Xavier Dolan
avec Nathalie Baye, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux et Gaspard Ulliel
AVEC SOUS-TITRES GEORGIENS
Institut Français et Université de théâtre et de cinéma Shota Roustavéli présentent le cinéclub français tous les quatrième mercredis du mois.
Adresse: Université de théâtre et de cinéma, 40, avenue David Agmachénébéli
Dans ce film primé huit fois, Xavier Dolan donne vie à l’inerte écran de cinéma en mettant en scène de trop brèves retrouvailles familiales, comme un peintre coloriste dépose la palette de ces émotions sur la toile blanche. Progressivement, les teintes bleues, portées par les personnages, s’associent à un sentiment bien particulier : le bleu barbeau à la pudeur et à la constance, le bleu saphir, à la franchise et à la bienveillance, le bleu lila semble nous dire sa conciliance et son hésitation, le bleu azurin, son extrême fragilité ... jusqu'au moment où le bleu quitte totalement chaque pixel.
Avant d’entrer dans cet univers, cherchez dans vos souvenirs. N’y a-t-il pas, sur le chemin de votre vie, un lieu que vous avez un jour voulu fuir, un espace où vous vous êtes caché, un autre où vous avez ardemment désiré revenir, un qui vous protégeait ou au contraire, un lieu où vous avez eu le sentiment d’être emprisonné ? C’est avec très peu de mots et des musiques qui marquent un passé bien révolu, mais empli de souvenirs, que Xavier Dolan, ce jeune réalisateur de génie, nous fait entrer dans tous ces espaces clos qu’il charge d’émotions bien particulières : celles que Louis n’exprime pas (Gaspard Ulliel), celles que sa mère (Nathalie Baye) dit franchement, celle que sa sœur (Léa Seydoux) aimerait tant partager avec lui, celle que sa belle-sœur (Marion Cotillard) confie à demi-mot et que son frère aîné (Vincent Cassel) voudrait tellement hurler !
Presque aussi muet que Louis, le spectateur est là, près de lui, ressentant ces mille teintes de sentiments complexes, sans pouvoir rien dire. A quoi cela servirait-il ? Qui nous écouterait dans cette salle de ciné et qui le comprendrait, lui. Vers le milieu du film, il se retrouve dans une des pièces closes de la maison, regardant vers la fenêtre ensoleillée et voilée de blanc, tout comme moi, assise dans la salle de cinéma et fixant la toile blanche d’où émane tant de lumière. Pendant une seconde, il me semble que mon regard croise le sien, nous nous regardons comme dans un miroir. Il me ressemble, je ne suis que comme son reflet. Et nous regardons tout deux vers cette fenêtre qui semble nous mener vers un ailleurs désirable.
Fuir. Louis veut fuir. Comme tout le monde, il aspire à être hors du temps et de l’espace qui le contraignent. Pourtant il n’y a rien, à part la mort peut-être, qui pourrait l’en libérer. Xavier Dolan le constate avec une grande délicatesse, du moins autant que la violence de cette réalité le lui permet.
Thamar Roukhadzé Gozitachvili, critique de cinéma